Quelle est l’histoire de cette maison au passé et à la destinée peu commune ? Elle fut bâtie, d’après la dernière descendante vendeuse du bien avec son frère, en 1820. Cependant, d’après de récentes investigations, il semblerait qu’elle date plutôt de 1804, étant donné que les deux premières maisons des voisins, construites en même temps, sont gravées de cette date au-dessus du seuil de leur porte. Cela fait donc 221 ans qu’elle trône sur place, face au temps, sans dépérir, survivante d’un XIXᵉ siècle oublié de tous.
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C’était une maison bourgeoise, une maison de maître appartenant à une riche famille française qui possédait plusieurs terres et maisons. Cette famille, c’était les Reboux, dont les ancêtres avaient participé à presque toutes les guerres. Une famille de collectionneurs qui aimait et pratiquait la musique classique ou populaire, et qui était très religieuse.
Quelques exemples de documents abandonnés dans la maison. Cliquez pour agrandir
Les membres du personnel et les serviteurs mangeaient et travaillaient au rez-de-chaussée ou dans les champs. Les riches propriétaires vivaient à l’étage, mais mangeaient en bas dans le salon, et les plats étaient passés par des volets situés à l’intérieur même de la maison, par les domestiques, comme en attestent les dires de la grand-mère de la vendeuse. Les hauteurs sous plafond de 3 mètres à l’étage, ainsi que les sonnettes retrouvées dans chaque pièce du premier étage de la maison, utilisées pour appeler les domestiques, confirment qu’il s’agissait bien d’une maison de maître. Il semblerait que la pièce dans les combles sous le toit servît de chambre de bonne, étant donné que nous y avons trouvé une très vieille armoire, divers objets religieux, des livres anciens, ainsi que d’anciennes ouvertures condamnées.
L’histoire veut que deux frères, l’un ingénieur, l’autre géomètre, dont j’ai d’ailleurs retrouvé l’outil en bois d’époque pour ce dernier, aient conçu les plans de cette demeure et l’aient construite ensemble. Elle fut léguée à l’un des fils, Roger, dont le nom de famille changea par les alliances de mariage, en « Jolie », tout en restant un Reboux. Monsieur Jolie Reboux eut un fils, Marius Reboux.
Toutefois, après recherches, il semblerait qu’une première auberge de route existât, accueillant les calèches de passage qui séjournaient dans le couloir central. Les domestiques passaient par des portes aujourd’hui condamnées. Par la suite, les deux frères auraient agrandi et amélioré cette maison en ajoutant, entre autres, la partie gauche. Toutefois, aucun document ne l’atteste, seuls les éléments visibles sur les murs de la maison le laissent supposer.
Et c’est à partir de l’existence de Marius que tout changea, tout bascula, ainsi que l’avenir de cette maison. Le 11 août 1927 naissait Marie Aimée, qui devint une des employées de maison, servante, au service de Marius. Mais l’amour ne se contrôle pas, n’a pas de limite, ni de frontière, et ce dernier tomba amoureux…
Sur cette photo, Marie-Aimée avait 24 ans
Marie Aimée tomba enceinte de Marius, c’était un signe. Il lui demanda alors de rester à ses côtés, de l’épouser, et ce, malgré leur rang social qu’à l’époque tout opposait et qui pouvait causer problème. Marie Aimée hésita quelques secondes, car elle savait qu’ils ne venaient pas du même monde, ne vivaient pas dans le même univers. Marius n’écouta alors que son cœur et promit à sa bien-aimée que, si elle se mariait avec lui et restait à ses côtés, elle et leurs enfants ne manqueraient jamais de rien, et que la maison lui appartiendrait, serait à son nom. Marie Aimée était amoureuse, elle aussi, de Marius… et accepta…
Mais ce ne fut pas sans la désapprobation et la colère de la famille Reboux, qui eut vent de cet amour et de l’enfant à naître. Ils ne pouvaient concevoir qu’un membre de cette grande famille puisse se marier et faire sa vie, avec des enfants, avec une simple « bonne », eux qui se considéraient comme une riche famille de sang « noble ». Qui plus est, l’idée que la demeure familiale revienne à une domestique et à ses descendants, et non à un Reboux, leur était insupportable. La famille fut alors divisée, mais Marius et Marie Aimée vécurent quand même heureux dans la demeure et eurent une fille.
Cette dernière donna naissance à son tour à une fille, qui grandit et donna à son tour naissance à Patricia et Étienne, les derniers descendants encore vivants et vendeurs de la maison. Ils grandirent dans la demeure avec leur grand-mère Marie Aimée et leur grand-père Marius, leur mère ayant tout quitté pour aller vivre à Lyon, ne les contactant que très rarement.
Marius vécut une belle et longue vie jusqu’à ce 11 avril 1958, où, à l’âge de 70 ans, il décéda juste devant sa maison. Alors qu’il tournait à gauche en vélo pour rentrer dans sa cour, il n’entendit pas la 2 CV qui le klaxonna par derrière, car il était malentendant. Elle le heurta, lui roula dessus et provoqua un traumatisme crânien. Il fut emmené d’urgence à l’hôpital, mais il était déjà trop tard. Il fut ramené chez lui pour mourir dans sa maison, entouré de sa femme et de ses petits-enfants.
Marie-Aimée vécut encore 5 ans, jusqu’en 1975, puis Patricia et Étienne partirent chacun de leur côté : la première dans les Yvelines, le second dans le département du Puy-de-Dôme, abandonnant la maison, sans jamais y remettre un pied…
La famille Reboux vint quelques mois après le décès de Marie Aimée, sans le consentement des propriétaires descendants, récupérer avec plusieurs camions, et sans prévenir, tout ce qu’ils pensaient leur revenir de droit légitime : les collections de pièces d’or et d’argent de Marius, des meubles et objets en tous genres, ou encore la boule de cristal de l’escalier. Personne ne dit rien au bourg du village : c’étaient les Reboux, et Patricia et Étienne n’étaient de toute façon pas très appréciés des villageois.
Ne souhaitant plus avoir de contacts entre eux pour diverses raisons, et cherchant à se mettre mutuellement des bâtons dans les roues, Patricia et Étienne décidèrent de ne pas vendre pendant 47 ans. Quand l’un souhaitait le faire et mettait la maison en vente via une agence, l’autre changeait d’avis et se ravisait au moment d’une vente potentielle. La maison fut alors protégée par des arbres et des fougères qui grimpaient le long des murs, empêchant toute entrée possible, afin, comme le disait Étienne, d’empêcher toute intrusion. Tout le monde aux alentours ou de passage voulait acheter la grande maison de maître abandonnée, mais en vain !
47 ans plus tard, proches de la retraite, ils se décidèrent enfin à vendre la maison de Marius, sans même avoir besoin de se rencontrer, Étienne traitant par le biais de son avocat…
…et c’est ainsi que Marius, ou le destin, m’appela à prendre la relève. Mais cela, c’est une autre histoire…
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